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Oi Alès

22 octobre 2007

Prière du pain

    Au-delà des gènes, l’homme est un être de parole qui se constitue, au fil des jours, dans ses relations. Quelques sociétés pourront toujours essayer de réduire l’humanité à un assemblage génétique afin d’identifier et de classifier les hommes, d’établir les filiations, de prévenir la délinquance et les crimes, de guérir l’homme de ses perversions, rêver enfin d’un homme normé.
    Nous voilà rassemblés autour de Jésus, fils -douteux et montré du doigt- de Marie et Joseph. La génétique de Dieu, d’ailleurs, a toujours été douteuse, portant son regard sur les femmes stériles et les prostituées, privilégiant les greffes, les rejetons, les alliances bancales, et pour finir les élections au cœur du vivier.
    Nous voilà rassemblés autour de Jésus, né de paroles échangées, enflées de tendresse et de reconnaissance, né de la chair mais justement d’une chair qui ne se réduit pas à elle-même, une chair ouverte à la parole et à l’esprit, au don de l’autre, une chair inscrite dans le tissu de la vie, d’une histoire d’amour entre deux êtres.
    Nous voilà rassemblés, autour de Jésus, fils d’homme, fils de l’humain, et donc autour de la question de la filiation, de la paternité et de la fraternité, une question qui ne peut se résoudre que dans de la champ de la parole.
    Nous voilà donc rassemblés en ton nom, comme tu nous l’as enseigné, mais avant tout comme des brebis qui ont soif et faim, des brebis en quête de pâturage.

    Seigneur, voici que nous nous tenons, pour quelques instants, à l’écart : ce lieu d’intimité où chaque homme est appelé à retrouver le souffle qui l’anime, le désir qui le met en mouvement, le sens de sa marche orienté par l’aiguille de la boussole qui indique, imperturbablement, le pôle du Père.

    Nous nous tenons à l’écart, en présence, posture spirituelle plus que retrait d’un monde qui n’en finit pas de bouillonner, de nous déranger, de nous appeler, un monde que nous avons le devoir d’habiter et de transformer.

    Nous pouvons reprendre la prière que Jésus nous a appris, celle capable de révéler nos liens de fraternité, c'est-à-dire de se reconnaître filles et fils d’un même Père, en disant … Notre Père …

    Voici que nous apportons le pain et le vin, substances de notre vie quotidienne, fruit de notre labeur et de nos alliances. Nous te les présentons sur la table de l’offrande, signe que nos richesses ainsi que nos pauvretés, seront toujours assez abondantes pour peu qu’elles soient données, partagées et distribuées, signe également que toi seul, Seigneur, peut sortir l’humanité de ses doutes, de ses enfermements, de ses égoïsmes, de ses limites … en lui indiquant simplement une brèche dans le ciel, une brèche au cœur de lui-même, une brèche dans ses impossibles …

    Seigneur, toi qui demeures dans les cœurs, entends nos paroles, nos cris et nos silences, écoute nos prières afin que nous devenions un peu plus libres, un peu plus justes, un peu plus à ton image et que nous devenions dans la terre du monde, présence paisible, rayonnante, chaleureuse et portée par l’espérance.

    Merci, Seigneur, de nous rappeler à chaque partage de la parole, du pain et du vin, cette filiation dont tu nous as fait grâce, cette filiation qui nous appelle à la fraternité dans nos diversités, à la vie en communion dans nos différences. Partageant le pain, nous le transmettant de main en main, sans jamais le posséder, nous pouvons recevoir à nouveau notre propre existence comme une bénédiction.
    Tu nous rappelles que prendre un repas à deux, trois ou cinq milles, ce n’est jamais seulement combler un besoin, c’est entrer dans une relation créatrice, c’est faire vibrer le désir de vie en communion qui nous anime. Rassemblant les restes d’une relation qui ne consomme jamais tout, tu nous renvoies toujours sur nos propres routes, en ta présence.

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18 octobre 2007

Lettre à mon Evêque

Les Ecritures, je suis tombé dedans, comme on dit, quand j’étais petit. Le temps a passé et rien n’y a fait. Fac de Lettres, travail dans la Grande Distribution, vie de Famille, ces dernières années, n’ont pas entamé mon désir de lire. Bien au contraire, le temps a creusé ma faim et ma soif de déchiffrer, lentement et patiemment, ces textes fondamentaux rassemblés par l’Eglise, fondamentaux pour les Croyants mais aussi, je le crois, adressés à tous les hommes, laissés en héritage à chaque nouvelle génération.

Arrivé à un certain point de ma vie, j’aimerais aujourd’hui consacrer plus d’énergie, plus d’envergure, plus de temps, à ce travail, si prenant et enrichissant, qui n’a pu jusqu’alors se développer que dans les marges d’un emploi du temps qui, nous le savons, a ses limites. Les marges sont espace de liberté et de souffle … mais combien cela est frustrant !

Demeurant sur votre Diocèse, je me permets donc de vous transmettre cette lettre. Vous êtes sans aucun doute la personne la mieux placée, attentif à la transmission de la Parole et aux appels de Dieu, pour entendre mon désir et m’orienter vers ceux ou celles qui pourraient répondre à mes attentes qui sont de deux ordres.

Y a t il aujourd’hui une Communauté, un Mouvement, un Service, qui pourrait accueillir un tel projet ? Celui de lire, de donner à lire, les Ecritures, celui de me donner du temps pour continuer à me former, à apprendre. Il me semble évident que l’Eglise devrait être sensible à un tel appel mais je n’ai pas encore trouvé, sur le terrain, une réponse adéquate. Je ne suis pas à la recherche de lieux de formation, de discernement ou de parcours bibliques qui, je le sais, existent. Je suis plutôt en quête d’hommes et de femmes, qui pourraient me permettre de poursuivre mon itinéraire par un appui financier (dont je ne peux me passer aujourd’hui) et évidemment aussi par des appuis spirituels et communautaires. Je suis marié et j’ai une petite fille, je sais que cela a fermé, dans l’Eglise, quelques portes, j’espère que cela ouvrira d’autres chemins …

La deuxième voie que j’explore, plus pragmatique mais importante pour notre présence dans le monde, est celle de trouver un travail qui permettrait de concilier une présence au Livre et une présence dans l’Eglise, un travail qui me laisserait l’esprit assez libre pour ruminer les Ecritures.

Vous trouverez peut-être mes demandes évasives mais les temps ne sont pas aux verrouillages des portes mais bien à l’ouverture et à l’expérimentation des chemins … Peut-être que ce sont les marges que je me dois de cultiver, les marges de ma vie, les marges de l’Eglise …

16 octobre 2007

Invitation 2007-2008

Flyer_2007_2008

16 octobre 2007

Petite graine

        Oi Alès est une petite graine, une graine de désir, une graine de paradis, de celles semées dans la glèbe de l’enfance. Cette terre d’enfance n’est ni une bonne ni une mauvaise terre. Naître au monde sur une terre est déjà un grand trésor … La terre de l’enfance est une terre à cultiver, à travailler, une terre d’héritage qu’il nous faut parcourir, sillonner, baliser, repérer, nous approprier. Elle est une terre lourde qui colle aux pieds et qui demande déjà à être quittée pour une terre promise, promise à l’accomplissement de notre propre vie. Cette terre d’enfance est à désempierrer, désherber, défendre, engraisser, bêcher, mais tout ce labeur, propre à l’homme, ne suffirait pas si la petite graine, aussi fragile soit elle, ne portait pas, au cœur, derrière la cosse enveloppante et protectrice, une vitalité, une vigueur, une force de vie capable de traverser les mers, les déserts, capable de résister aux bordures des chemins, aux terres abandonnées aux ronces, capable même d’être mangée et rejetée un peu plus loin … L’enfance, ce temps de développement pendant lequel les enveloppes cèdent pour laisser apparaître un être unique, se développer jusqu’à laisser voir, à l’âge adulte, la tendresse de l’homme. Tendresse ? Capacité de l’homme à se tendre, se lever, se courber, se pencher, assez, pour toucher l’épiderme d’un autre homme. Oi Alès est une petite graine qui s’est donc enracinée dans la terre du monde … Naître et être au monde, homme de parole et homme de désir, n’est pas un chemin de toute tranquillité, de toute quiétude !

Oi Alès est une vocation. Drôle de vocation qui s’est peu à peu dessinée dans les méandres de la vie ! La vocation prend patience dans l’urgence de l’appel. Vocation silencieuse orientée vers la parole. Ce ne sont pas les urgences qui manquent, il y a des urgences criantes, il y en a d’autres, discrètes, qui restent enfouies : quelques hommes et femmes y travaillent à la lueur d’une bougie, à l’écart, en écart, ateliers de l’ombre, catacombes, communautés reculées, au cœur des bois ou au cœur des villes … Drôle de vocation, drôle d’urgence, que celle de tenir le Livre ouvert, à l’heure où tout est en ligne, publié et republié, commenté et démontré … Il y a une urgence à mettre le poids de sa vie dans le pli du Livre, la gravité de son corps à la Reliure, la force de ses doigts à retenir les Pages … comme si, aujourd’hui comme hier, les sceaux des Écritures tendaient à se refermer, comme si les puissantes doctrines et institutions de notre temps plombaient les Écrits. Il faut la force du muguet, entre terre et ciel, pour faire craquer la chape de béton.

Oi Alès est une trajectoire, une ligne d’erre ; cet élan qui nous est donné et que nous recevons. Nous la recevons de ceux qui se sont déjà mis en mouvement, ceux qui ont entamé le chemin, ceux qui ont osé le premier pas, et qui nous cèdent le passage afin que nous tracions à notre tour notre propre route. Une trajectoire : le chemin n’est pas tracé, pourtant il n’est pas complètement hasardeux … Le tracé de demain trouve sa logique dans l’élan, l’énergie déjà donnée au mouvement. Une ligne d’erre parce que la direction et le sens, qui n’enlèvent rien à l’aventure, indiquent l’orientation de la recherche. Le marcheur ne part pas tout azimut, il s’inscrit, même pour ouvrir sa propre voie, dans les traces des ses successeurs. Oi Alès se condense en trois verbes : recevoir, prendre place et transmettre.

Oi Alès est la brèche d’une vie. Comment vous le dire ? Le désir du sommet n’enlève rien au chemin à parcourir, il permet simplement de ne pas renoncer au pied de la paroi. Il faut parfois de longues années pour qu'enfin s’ouvre une brèche et que se dessine la forme que pourrait prendre tel ou tel destin. Il y a des écrivains publics, il faut dans nos cités des lecteurs publics, qui ne soient pas des clercs, ayant le soin de soutenir le geste de la lecture : lire – délire – relire pour toujours ouvrir le sens !

15 octobre 2007

En-Tête

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Oi Alès
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